AG 14 mai 2012 - PRES "Paris Lumière"

Comme vous le savez peut-être, un conseil d'administration (CA) devait se tenir pour voter le projet de Pôle de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) "Paris Lumières", en partenariat avec Paris 8 et Paris 10 (Nanterre). Un rassemblement avait été appelé par les organisations du personnel et des étudiant.e.s.
L'objectif était d'assister à la séance du CA pour pouvoir protester contre la façon dont la décision de créer un PRES était prise et demander la tenue d'un véritable débat, le plus large et transparent possible, au sujet de ce projet. En effet, celui-ci pose plusieurs problèmes qui nécessitent la discussion, j'y reviendrai à la fin de ce courrier.
Suite à l'intrusion des manifestants dans le CA, le président, Pascal Binczak, a exigé qu'une délégation de seulement dix personnes assistent au conseil. Cette proposition a été refusée et il a au contraire été proposé par les manifestants que les élus nouvellement désignés au conseil d'administration siègent lors de cette séance qui engagera notre université pour les années à venir. En effet, il peut sembler raisonnable et démocratique que les membres sortant d'un conseil travaillent et débattent avec les membres nouvellement élus qui hériteront bientôt du dossier de ce PRES. Cette proposition a été catégoriquement refusée par le président qui a alors déclaré lever la séance.
Il est sorti de la salle de réunion par la force, le service de sécurité poussant brutalement les personnes qui faisaient mine de bloquer le passage. Il fut néanmoins suivi par le groupe de manifestants qui clamaient : "on veut un débat" et "pas de PRES, pas de CA, tant qu'y aura pas débat". Il est allé s'enfermer de lui-même dans un poste de sécurité du bâtiment A. Après un certain temps quelques manifestants sont restés devant le local de sécurité en espérant qu'un dialogue puisse s'engager. De son côté le président demandait l'intervention de la police, prétendant qu'il était séquestré et en danger.
Paris 8 a certes une longue tradition de séquestration de ses directions, mais appeler "danger" et "séquestration" le seul fait que des badauds se soient assis aux environs de la pièce où il s'était enfermé peut sembler exagéré.
L'arrivée brutale de plusieurs dizaines d'agents de la BAC, en uniformes et armés, n'a pas manqué d'attirer une foule de curieux. Ce choix de faire usage de la force réalise la situation qu'il prétend éviter : le rassemblement redoubla d'importance devant le cordon de police. C'est dans ces conditions que le CA est exfiltré dans le bâtiment G sous la "protection" policière. Il s'est donc malgré tout tenu (de 18h à 20h) alors que le rassemblement (qui a très vite réunit 150 personnes environ, dont une partie des élus encore en place qui refusèrent de siéger) protestaient à l'extérieur. Pendant ce temps les agents de sécurité faisaient évacuer l'université pour des "raisons de sécurité". Ce CA a réunit le quorum grâce à six procurations envoyées par fax et les statuts du PRES ont été bel et bien votés.
Au même moment, deux étudiants sont interpellés par la police alors qu'ils étaient isolés du groupe. Ces interpellations arbitraires se sont déroulées de manière particulièrement violentes sur la base des accusations improbables "d'injures raciales" contre un policier et de "violences volontaires aggravées" sur un agent de sécurité de l'université qui était tombé lors de l'évacuation de la salle de réunion, réveillant une ancienne blessure. Ces accusations sont mensongères, humiliantes et très choquantes. Elles sont manifestement prétextes pour faire payer à des individus les agissements du groupe. Il semblerait notamment que la plainte pour violences ait été déposée par le président en tant qu'employeur de l'agent de sécurité "blessé" (i.e. tombé). Cela voudrait dire que c'est une plainte qui engage la personne morale de l'université et toute sa communauté contre un de ses étudiant pour sanctionner l'opposition ouverte d'une partie de la communauté à la façon dont le projet de PRES est mené. Ces accusations ne tiennent pas la route une seule seconde, mais toutes deux injurient les étudiants innocents que l'on essaye de faire passer pour des individus violents, grossiers ou racistes qu'ils ne sont absolument pas.
Je voudrais revenir pour finir sur ce projet de PRES lui-même. De nombreuses personnes soutiennent son principe. En effet, la "coopération pédagogique et scientifique", la "bonne gouvernance", les "incitations financières" et autres "grands projets communs" sont de séduisantes promesses pour l'avenir de Paris 8. Néanmoins, la discussion sur la forme du PRES elle même, ses statuts, s'est faite au pas de charge. Les statuts du PRES n'ont été dévoilés "publiquement" aux membres de conseil il n'y a qu'une semaine à peine, ne laissant aucune marge de manœuvre pour les amender. Pas même le nom de "Paris Lumière" n'a été discuté. La répartition du pouvoir dans cette nouvelle institution, la provenance et les usages des ressources financières, le degré d'autonomie vis-à-vis des établissement fondateurs... aucun de ces éléments problématiques n'a été soumis au débat. Quant au fond du projet, ce qui le motive et le contenu qu'il aura, il a encore moins été discuté. Les inquiétudes qui se sont exprimées ces derniers jours de voir, à moyen terme, ce PRES concurrencer Paris 8, vider notre université de ses forces vives en terme de formation, de ressources et d'étudiant.e.s, et devenir une institution élitiste, peu démocratique et inféodée à une logique de rentabilité de la recherche et de l'enseignement n'ont rencontré que des promesses orales de bonnes intentions. Aucune garantie sérieuse donc que ce "magnifique projet" ne devienne pas le contraire d'un bienfait pour Paris 8.
Dans cette polémique, on a opposé aux critiques que je viens d'exposer que le projet de PRES était discuté depuis des années et soutenu par la majorité de la population de Paris 8. Néanmoins, en admettant que cela soit vrai, aucun effort de pédagogie n'a été fait pour que la communauté hérite de ces débats passés et puisse effectivement exprimer son soutien (ou pas). Le fait que les statuts du projet ne soient dévoilés qu'au dernier moment en est un exemple. Le fait que les différents conseils (d'UFR, du personnel, scientifique et de la vie étudiante) ne soient consultés au mieux que la veille du CA, au pire que la semaine qui vient, en est un autre exemple. Aucune consultation plus large, sur le modèle d'états généraux de paris 8, n'a été envisagé pour décider tous ensemble de l'avenir de notre université. Aucun débat public n'a été organisé. Le prétexte de l'urgence soudaine qu'il y aurait à valider les statuts a effacé tout embryon de réflexion collective. La convocation des "six conseils", c'est à dire d'une réunion extra-ordinaire des anciens et des nouveaux membres de ceux-ci, le 3 mai dernier, pourrait sembler un effort minimum dans ce sens si la conversation n'y avait pas été aussi unilatérale. Il s'agissait en effet d'une réunion de présentation d'un projet presque déjà acté et pas d'un débat opposant des arguments rationnels sur la base d'une large diffusion en amont de tout les éléments nécessaires à la bonne compréhension des enjeux propres à la constitution d'un PRES.
Ainsi, pour pouvoir discuter de tout ces éléments et si vous aussi la tenue d'un CA sous la "protection" de la police vous interpelle, je vous invite à participer à l'assemblé générale qui se tiendra lundi 14 mai à 10h. Rendez-vous à l'entrée de l'université à 8h30 pour celles et ceux qui souhaiteraient aider à son organisation et à 12h30 à Nanterre où se tiendra le deuxième CA qui doit voter définitivement le projet du PRES afin d'y réclamer à nouveaux le débat que ce projet mérite.
Je vous invite également à faire circuler ce courrier le plus largement possible.

-> Jérôme Bas représentant master

Très bonne initiative ce forum, je ne suis pas à la fac le lundi je pourrai avoir un retour des événements de ce lundi?

Thx.

Désolé on est pas encore habitué à suivre le forum pour répondre rapidement lol.

Malheureusement je n'ai pas pu être à l'AG, mais il a entre autre été décidé d'une grève demain (aujourd'hui enfaite) mardi 15. Seul le secrétariat sera effectivement fermé, les prof soutiennent le mouvement mais continuent les cours.

A Nanterre, une délégation de paris8 à été reçue et écouté, mais n'a pas pour autant pu débattre. Je ne sais pas si le CA de Nanterre à finalement voté le PRES. On en sera donc plus tout à l'heure.

Cette tentative de passage en force (et en douce) de la part de notre cher présidence a un drôle d'arrière goût...

Amoindrissement de leur représentativité pour les étudiants et délégués du personnel et du coup perte du peu de prise qu'ils pouvaient avoir sur les décisions du CA et en particulier sur les questions de financement, construction de filières d'"excellence" que vous pouvez d'ors et déjà traduire par fermeture des filières non ou trop peu rentables et par l'abandon progressif de tout esprit critique dans celles qui resteront ouvertes, financements à aller chercher du côté du privé avec les sacrifices que ça implique quand aux contenus des enseignements...

La pourriture libérale dans toute sa splendeur qui continue de s'étendre comme un cancer... Plus de soumission aux lois du marché, moins de prise sur les décisions, opacité, compétition, compétition, compétition...

Ils nous sucrent du peu qu'on avait au sein du seul conseil décisionnel, jouent les pleureuses quand les étudiants leur demandent des comptes, nous traitent comme des arriérés qui comprennent rien et qui refusent leur "progrès" quand on sait très bien ce qu'il y a derrière leurs beaux discours drapés dans de grand mots censés nous faire rêver. "Lumières", "excellence", "autonomie" (ça sonne sexy comme ça non?), joli enrobage sucré autour de la grosse pilule qu'un gars veut nous faire avaler avant d'aller s'faire dorer la sienne à la présidence de la crotte qu'il veut mettre sur pied, avant d'aller briguer un autre poste où il pourra gagner plus d'argent en appauvrissant encore un peu plus l'enseignement des universités.

Et en dernier recours ils t'envoient les condés quand tu montres un peu les chicots...

Ils sont entrain d'essayer de nous la mettre à l'envers, il nous reste pas grand chose à part de monter en PRESsion les gens...

MOBILISATION, GREVES, OCCUPATIONS

Il y a apparemment une nouvelle AG à 12h, Quelqu'un pourrait avoir un compte rendue ?

bob phuit a écrit:Il y a apparemment une nouvelle AG à 12h, Quelqu'un pourrait avoir un compte rendue ?

Je suis parti peu de temps après l'altercation entre des membres de Sud & Unef, les revendications étaient : le départ du président, un débat sur le PRES et une autre mais j'ai un doute.

En tout cas il y avait énormément de monde de mobilisé, mais l'information n'était pas connu pour beaucoup de membres de l'université dommage. Il faut dire qu'on a pu avoir un bon suivi par mail...

Bonne soirée !

Il a aussi été prévu un rassemblement dans le hall du bâtiment A ce vendredi (le 18 donc) à 9h pour bloquer le conseil d'administration qui doit se tenir ce jour-là (sachant qu'il serait illégal ne respectant pas le délais de re-convocation normal d'un conseil d'administration)

Il y a eu une AG ce matin qui appelle à une autre AG mardi à 12h pour éviter qu'un CA "en urgence" ne se tienne. Les élus de cet "ancien CA" pourront siéger jusqu'à jeudi. D'ici là, il faudra rester mobilisés pour éviter qu'un CA ne se tienne et qu'ils ne passent ce PRES (aux statuts très controversés) en force.

Le CA prévu à 18h est-il "officiellement" annulé ?

Est-ce qu'il y a du nouveau concernant le PRES ?

merci.